Centenaire
En 2013, on a fêté le centenaire de Gueliz, le quartier moderne et de conception européenne de Marrakech, une zone en perpétuel mouvement.
En partant de la Médina, certains « montent » à Gueliz et d’autres y « descendent ».
Côté topographie, c’est assez plat de toute façon.

On ne tranchera pas la question !
Les origines
Un bien curieux nom que celui de « Gueliz » !
Le nom vient de celui de la petite montagne à la sortie de Marrakech dont les roches ont servi à la construction du quartier, le « Mont Gueliz ».
Le mot lui-même serait d’origine berbère, dérivé de « Igliz » qui signifie scarabée. En effet, à certaines heures, les reflets de la montagne lui donneraient la forme du coléoptère. Voilà qui semble clair !
Sauf que, selon d’autres érudits, c’est du côté du mot « agouliz », qui signifie « montagne isolée » en tachelhit (berbère), qu’il faut chercher…

Jbel Gueliz
Deuxième question que l’on ne tranchera pas !
Hubert Lyautey
Au temps du Protectorat, le Maréchal Lyautey est le premier Résident Général du Maroc à partir de 1912. Très attaché à ce pays et à ses habitants, progressiste, il se montre respectueux des cultures, des religions, des us et coutumes.
Il veut préserver les médinas d’une transformation inévitable du fait de la présence étrangère.

Il est convaincu que les Européens doivent sortir et s’éloigner des médinas et se regrouper dans leurs propres quartiers. Ainsi les centres historiques seront conservés, les traditions ne seront pas bouleversées et les populations vivront plus sereinement. Une sorte de « chacun chez soi pour mieux vivre ensemble ».

Entrée en médina depuis Gueliz
Le Capitaine Landais, urbaniste à ses heures puis Chef des Services Municipaux met les idées de Lyautey en application et trace les ébauches. Les travaux commencent. Plus tard le fameux architecte français Henri Prost (qui réaménagea Casablanca, Fès, Rabat, Meknès) intervient également. Il est difficile d’imaginer l’immense terrain planté d’arbres divers et de palmiers qu’était cette zone devenue depuis le Gueliz. Les premières grandes artères apparaissent donc entre le rocher de Gueliz et les remparts de la médina : l’Avenue de Casablanca et l’Avenue du Gueliz qui deviendra l’Avenue de la Koutoubia puis l’Avenue Mangin et enfin l’Avenue Mohammed V.

Gueliz vers 1915
Un des principes pour la création de ces quartiers neufs est d’offrir aux Européens quelques repères habituels tant au plan esthétique qu’urbanistique ; de grandes avenues, un tracé clair, un système d’assainissement et de voirie moderne, des galeries, des arcades, des terrasses, des immeubles modernes, des bâtiments administratifs bien aménagés, des boutiques et des lieux de loisirs.
On est à l’opposé de l’enchevêtrement labyrinthique des ruelles de la médina.
Naissance du quartier
L’avenue principale offre une perspective imprenable sur le minaret de la Koutoubia qui se détache sur fond de sommets de l’Atlas et rideau de palmiers. Une carte postale magnifique !

La future Avenue Mohammed V
Les maisons sortent de terre pour abriter les quelque 800 premiers habitants de la zone. La guerre de 1914-1918 freine le développement. Dès 1919, la croissance repart de plus belle.

Centre de Gueliz vers 1920
Ecoles, commerces, un marché, l’Hôtel des Postes, un Commissariat de Police, l’Entrepôt des Tabacs, deux cinémas et cafés-concerts, un abattoir, deux garages, douze cafés, quatre restaurants et deux hôtels, la Recette des Finances… et quelques petites industries voient le jour.

La première poste
Autant que possible, les intervenants successifs tenteront de préserver l’aspect « cité-jardin » typique de Marrakech en contournant ou en intégrant de larges zones de végétation. Il en sera de même à la création du tranquille et résidentiel quartier de l’Hivernage par Henri Prost.
Des constructions emblématiques de la nouvelle ville se dressent au fil du temps : les immeubles Gidel et Hébréard…

Immeuble Gidel
En 1928 l’église des saints Martyrs sort de terre.

L’église des Saints Martyrs
Les cinémas Palace, Lux, Régent et Colisée, le Casino, un grand nombre d’hôtels et de cafés-restaurants et des centaines de jolies villas…

Le Ciné Palace
Cependant, le développement du quartier n’est pas aussi rapide que prévu. La vie trépidante de la médina continue de fasciner les Marrakchis du cru ou étrangers et Gueliz garde pendant longtemps des airs de campagne et de villégiature, même si la communauté européenne s’y retrouve, y prend ses habitudes, et s’y distrait.
Une nouvelle ère
C’est autour de ses 80-90 printemps que Gueliz retrouve une dynamique fulgurante.
L’explosion touristique, le boom immobilier entraînent la construction, parfois anarchique, d’hôtels et d’immeubles résidentiels. Le lifting n’est pas toujours très réussi car beaucoup de jolies maisons et villas des années 40, qui donnaient un charme particulier au Gueliz, disparaissent de fait.

La ville nouvelle change d’aspect et sa population croît très sensiblement. Elle attire toutes les catégories sociales qui peuvent s’y loger dans les différents quartiers. Beaucoup de familles marocaines quittent la médina, abandonnant leurs grandes maisons ou riads dans lesquelles cohabitaient toutes les générations. Ils recherchent des appartements plus modernes et équipés.
Au cours des années 2000, plusieurs projets voient le jour. Le complexe immobilier et commercial Plazza est inauguré et déplace le centre névralgique du quartier dans son sillage.

Place du Plazza
L’Avenue Mohammed VI (ancienne Avenue de France) est inaugurée en 2004. Le long de ses 5 km on trouve la nouvelle gare monumentale, le Palais des congrès et le Théâtre Royal, pléthore d’hôtels et de résidences de standing, un multiplex cinéma (Le Mégarama), un grand centre commercial (Al Mazar, Carrefour).

Avenue Mohammed VI Gueliz
Le Carré Eden ouvre ses portes. C’est une des réalisations récentes parmi les plus ambitieuses dans le centre. Tous les magasins, aux marques mondialement connues, s’établissent dans ces allées.

Le Carré Eden
De grands cafés à terrasse, des restaurants de cuisine internationale, japonais, italiens, français, espagnols, turcs, fleurissent.

Les barbiers, coiffeurs, salons d’esthétique, spas, ouvrent les uns à côté des autres.

Lors de votre séjour à Marrakech, une incursion à Gueliz s’impose. Le contraste entre les deux atmosphères, Medina et Gueliz, est saisissant et tout à fait complémentaire. Je conseille toujours à mes hôtes de pousser leurs pas jusqu’au Gueliz. En outre le parcours d’une petite demi-heure, à pied le long de l’avenue Mohammed V, est très agréable, aéré. On peut aussi déambuler dans les belles allées du Cyber Parc Moulay Abdeslam.

Cyber parc Moulay Abdeslam
En chemin, une visite de l’Ensemble Artisanal s’impose. Un véritable éventail de tous les arts du Maroc est présenté dans les ateliers. On peut y rencontrer les artisans et les voir travailler.

L’Ensemble Artisanal
D’un Maroc plus traditionnel en médina à un Maroc en pleine modernité à Gueliz, l’expérience sera ainsi complète. Ce pays et cette ville de Marrakech avancent résolument sans jamais perdre les racines.

Gueliz by night




