ORIENTALISME

L’Orient ?

Une humeur, une atmosphère, une inspiration… en somme un rêve ! Au cours des siècles, la littérature, la musique, la poésie, la peinture l’ont fantasmé. Les arts lui ont donné des récits exotiques épiques, des mélismes envoûtants, des vers oniriques, des couleurs chatoyantes.

L’orientalisme ne peut être qualifié de mouvement dans le sens où il induirait des normes esthétiques, stylistiques, poétiques, picturales. En outre, il n’existe que par le regard que l’occidental porte sur lui.

 

 

C’est une inclination, un ailleurs, un univers que chacun recrée en toute liberté. L’Orient fascine les européens depuis longtemps. Les deux mondes se sont côtoyés, fait la guerre, mêlés en Andalousie, mais la part de mystère et d’inconnu semble toujours intacte.

Les Mille et une nuits

Les Contes des mille et une nuits avaient produit leur effet dès le Moyen Âge. Shéhérazade, Sinbad le marin, Aladin et sa lampe merveilleuse, Ali Baba et ses quarante voleurs se populariseront vraiment au 18^e siècle.

 

 

Monsieur Jourdain chez Molière et Lully s’étourdit en « Mamamouchi », Montesquieu s’amuse dans ses « Lettres persanes » dans lesquelles le décor des harems et de ses eunuques sont prétexte pour mieux dénoncer les travers de la société et du pouvoir dans la France de son époque.

 

 

Quelques récits épiques évoqueront les pirates de Salé, les cruels Sultans et leurs femmes soumises, les Djinns inquiétants. D’autres racontent la chaleur, les parfums, les déserts et la sensualité idéalisée. La campagne d’Egypte du Général Bonaparte à partir de 1798 avait aussi naturellement contribué à créer une certaine fascination pour les terres orientales.

 

 

C’est la naissance de l’Egyptologie qui va se développer tout au long du 19^e siècle et s’inscrire de façon pérenne dans l’imaginaire occidental.

 

En vers et en musique

Flaubert, De Nerval, Gautier, Chateaubriand et bien sûr Loti tremperont leur plume dans cette encre teintée d’exotisme imaginaire, de lascivité rassurante. Lamartine « Voyage en Orient », Hugo “Les orientales”, Baudelaire “L’invitation au voyage”, trouveront un instant leurs muses entre les bras de « l’hôtesse arabe…des filles du désert qui dansent pieds nus sur la dune » pour l’un, les « vagues senteurs de l’ambre…la splendeur orientale…là, tout n’est ordre et beauté, luxe, calme et volupté… » pour l’autre.

 

 

 

Mozart, d’une « Marche turque » à son « Enlèvement au sérail », ou sa « Flûte enchantée », Verdi et « Aïda », Saint Saëns voyageur et sa « Suite Algérienne », la suite pour orchestre « Orient et Occident…, Ravel et « Shéhérazade », Delibes et « Lakmé » Bizet à Ceylan pour ses « Pêcheurs de perle » vont imprégner leurs partitions de thèmes ou de notes se référant à l’Orient.

 

En couleurs

L’art pictural est aussi grandement touché par cette vague déferlante. Pour les peintres Delacroix, Fromentin, Majorelle, Huysmans, Herrera, Cabanel, Pontoy, Charlet, pour n’en citer que très peu, les paysages grandioses, les personnages, les moments captés, les scènes de genre se déclinent en ocre jaune ou orangé, rouges chauds, bleus profonds indigo, terre de Sienne, qui ne manquent pas de séduire un public curieux, avide d’exotisme et de voyages en terres inconnues.

 

 

Dans ce monde représenté semblent toujours régner tranquillité et  convivialité.

A Marrakech, Jacques Majorelle concevra son jardin extraordinaire en symphonie de couleurs.

 

 

Le terrain était bien préparé pour l’imaginaire collectif. Ainsi le tourisme à grande échelle s’est développé vers ces destinations toujours aussi attirantes de nos jours.